Comme tous les samedis matins, l’unique synagogue de Brysonplace était pleine à craquer de monde. Gosses grassouillets, ados boutonneux, homme jeunes et moins jeunes, vieillards édentés, aucune tranche d’âge n’avait été oublié. Par contre si vous cherchez une demoiselle, impossible de trouver votre bonheur dans cette salle. Les femmes sont en effet regroupées dans une pièce juxtaposée d’où elles peuvent entendre la prière chantée par les individus pourvus d’un pénis et d’une paire de testicules. L’officiant, c’est-à-dire celui qui récite et chante les textes de la prière à voix haute était le fils unique du rav (1) Portnoy, j’ai nommé bien sûr Betsalel. Tout le monde s’accordait à le dire : Betsalel était le meilleur h’azan (2), il était le plus vertueux, le plus savant, le plus réfléchi, et surtout le plus beau des jeunes gens de la communauté. Il suffisait de voir l’affluence de la population féminine à la synagogue depuis qu’il avait été intronisé officiant régulier le samedi matin. Malgré son jeune âge, tout le monde ici lui portait un profond respect ainsi qu’une sincère admiration. Et pour tout le monde, il ne faisait nulle doute qu’il serait le prochain maître spirituel de la ville, reprenant ainsi dignement le flambeau laissé par son père. « - Félicitations pour cet office Betsalel ! » « - Quelle voix extraordinaire, mon petit ! » « Quelle fierté pour ton père ! » « Elle sera chanceuse celle qui te passera la corde au cou. » Si Betsalel remerciait tous ces braves gens d’une fraternelle poignée de main ou d’un sourire chaleureux, il n’en pensait pas moins. « - Quelle belle brochette des lèches-culs ! » se disait-il au fond de lui-même.

Sur le chemin du retour, tandis que le rabbin était occupé à discuter avec le trésorier de la schule (3), Betsalel marchait à côté de sa mère. « - On m’a encore dit beaucoup de bien de toi aujourd’hui... » Le fils ne répondit rien sachant pertinemment sur quel terrain elle souhaitait l’emmener. Le mutisme de son garçon ne découragea pas pour autant la rabbanite qui repartit de plus belle à la charge. « - Le petite Esther qui a ton âge n’a pas arrêté de faire ton éloge durant toute la prière. Elle était vraiment adorable. Elle veut devenir pédiatre m’a dit sa mère. Vraiment ce serait la fille parfaite pour toi, non ? » « - Parfaite pour un éléphant... Maman, cette fille pèse au moins quatre-vingt kilos... » répondit-il avec la même cruauté qu’il avait chaque fois qu’on osait aborder avec lui le sujet du mariage. N’osant pas agacer davantage son bébé, elle ralentit la cadence de ses pas pour rejoindre le groupe de femmes qui marchaient derrière elle. Se retrouvant seul, Betsie leva les yeux au ciel, l’air de demander au seigneur pourquoi lui avoir fichu une mère aussi casse-couilles.

« Hey Betsie ! Qu’est-ce que tu fous là ? T’es pas censé être à la synagogue ? » fit Ethan en ouvrant la porte de son appart’, vêtu d’un caleçon d’une taille trop grand et d’un débardeur qui aurait bien besoin de passer à la machine. « - J’ai réussi à me libérer, je peux entrer ? » « - Bien sûr, mec ! Fais comme chez toi. Je t’offre une bière ? » Betsalel ne se le fit pas dire deux fois et se jeta sur le canapé lit constellé de taches claires dont la nature ne faisait absolument aucun doute. Il dénoua sa cravate et la jeta devant lui. Etant donné le bordel qui régnait dans le petit studio d’Ethan, ce n’était pas ça qui allait déranger. Alors que son ami lui lançait une canette de bière, le fils de rabbin remarqua le relief marqué qui se dessinait derrière le sous-vêtement de son camarade de beuverie. « - Je t’ai dérangé visiblement ? » fit le post-adolescent en désignant l’impressionnante trique de son pote. « -Mouais, je me branlais vite fait. J’ai trouvé une vidéo avec deux russes trop bonnes. Tu veux mater ? » demanda Ethan le plus naturellement du monde. Betsabel rit doucement et apporta une chaise de plus près de l’ordinateur. « T’allumes l’écran, je vais me chercher une autre bière ? » « Euh je peux pas toucher aux appareils électriques, c’est shabbat... » « Ah oui c’est vrai. Par contre, te lustrer l’asperge sur un porno impliquant deux bonasses qui se bouffent le clito pendant vingt minutes, là c’est autorisé ? » « - Haha, ça ferait un bon onzième commandement, ça. » Sans perdre plus de temps, le maître des lieux rejoignit son invité et mis en marche la fameuse vidéo. Sa main caressa d’abord timidement son entrejambe à travers le tissu de plus en plus étroit, avant de d’attraper la bête tapis dans son calbut et l’agiter vigoureusement. Suivant son exemple, Betsalel retira son beau costume du samedi, ses pompes, sa chemise et même son boxer, et une fois à son aise, commença à se donner du plaisir. Si les yeux d’Ethan étaient rivés sur l’écran, ceux de Betsie dévoraient l’engin gonflé de son ami. La vache, il bandait un max ! Peut-être qu’en se rapprochant un peu, il réussirait à l’effleurer accidentellement. Rien qu’une seconde ou deux, juste pour voir comment ça ferait. Non, il ne pourrait jamais faire un truc pareil. Ethan le traiterait sûrement de pédé et plus jamais ils ne se tripoteraient entre potes. Pourtant, il ne faisait rien de mal, il voulait simplement toucher la queue d’un autre mec. C’était juste de la curiosité. Il n’était pas une tantouze pour autant. Et peut-être qu’il pourrait la branler, ou la sucer ? Sucer ? Il n’osait même pas en rêver. Ce que ça devait être génial de sentir ces vingt bons centimètres de chair au fond de la bouche. Oh et puis ... « Pfiouu, j’ai trop mal au poignet ...» fit Ethan en interrompant le cours des pensées perverses de Betsalel. « Je peux le faire si tu veux, ça me dérange pas... » réagit celui qui aux yeux des juifs de Brysonplace était le nouveau messie. Ethan ne réagit pas, il se contenta de fixer son ami avec une expression d’incrédulité. Sans lui laisser plus de temps pour se dérober, Betsie empoigna la virilité de son copain et commença à la branler en copiant le rythme des va-et-vients sur ceux qu’il appliquait à sa propre anatomie. Cela ne semblait pas déplaire du tout à Ethan qui gémissait comme un fou. D’ailleurs au bout de quelques minutes, il plaça sa main sur la nuque de son invité et guida la tête de ce dernier vers son sexe dressé. « - Suce moi, j’en peux plus... » l’implora-t-il. Betsalel ouvrit grand la bouche mais aucun verset sacré, aucun psaume mélodieux ni de commentaire inspiré n’en sortit. Par contre, quelque chose y entra. Quelque chose de sacrément grand...

(1) : abréviation de rabbin
(2) : officiant, celui qui conduit la prière et qui la récite à haute voix
(3) : synagogue
(4) : épouse du rabbin, elle s’occupe de l’enseignement religieux des femmes et des jeunes filles