Un poing vint s'abattre sur ma joue, me faisant tomber par terre. Un deuxième, puis un troisième, un quatrième. Je ressentais cette douleur partout sur mon corps, mais encore plus dans ce cœur totalement brisé. Pourquoi? Parce que je n'avais pas été sage, parce que je n'avais pas ramené assez d'argent, parce qu'il était soul, encore une fois. « Espèce d'incapable! C'est tout ce que tu as réussi à me ramener?! Je n'ai même pas assez pour m'acheter une bouteille! Tu n'es vraiment qu'une bonne à rien, je n'aurais jamais dû t'accepter sous mon toit! Pauvre conne, relève-toi et va me ramener plus d'argent! » Je ne pleure plus, non, je ne lui donnais même plus ce plaisir. Doucement, je me levais. Mes muscles ne me faisaient même plus mal, mes longs cheveux sales me cachaient le visage. Il pleuvait dehors... Je ne voulais pas sortir... En fait non, je préférais encore rester à genoux à mendier plutôt que de rester une minute de plus dans ce taudis, avec mon père. Mon père? Non, bien sûr que non... Je ne connais pas mes véritables parents, je ne connais que lui, cet alcoolique même pas capable de se trouver un travail. Non, lui, sa seule préoccupation, c'est d'avoir à boire et à manger pour lui seul. Et moi, je passais mes journées dans la rue, à essayer de ramasser un peu de nourriture, à regarder les chaussures des passants, en les suppliants de me donner un peu d'argent. Une vie totalement misérable... Je voulais étudier, j'avais de bons points quand j'allais à l'école, ce qui n'était certainement pas tous les jours. Parfois, j'y allais dans son dos et une fois de retour, je me faisais encore plus frappée. Je veux étudier, je ne veux plus regarder toutes ces chaussures, je ne veux plus de ces yeux remplis de pitié qu'on pose sur moi. Non, je m'étais faite une promesse. Je gagnerais ma vie et je ferais tout pour devenir riche... À 14 ans, je me suis faite une promesse, celle de ne plus jamais être rabaissée, celle de garder la tête bien haute, celle d'être placée dans la haute société.


« Pauvre conne, qu’est-ce que t’es en train de faire hein ?! Étudier, c’est pour les petites bourges ! Tu crois que tu l’es peut-être ?! Casse-toi, vas-y dégage ! Vas me ramener à bouffer sale chienne !» Ma tête alla se fracasser contre le mur tellement il m’avait poussé violemment. Je n’en pouvais plus, je sentais que j’étais sûr le point de craquer. Je me relevais doucement. Je sentais que j’allais avoir une bosse. Et à nouveau, un coup de pieds s’abattit dans mon dos, me faisant retomber à terre, comme une merde. Et ce fut la goûte qui fit déborder le vase. Je me relevais à nouveau, lentement, et sans prévenir, je sautais sûr lui. « TA GUEULE PAUVRE CON ! » Je me suis mise à le gifler, à le griffer, à le mordre. Bientôt, il tombait à terre, et je me suis mise à le frapper de toutes mes forces. « Tu sais ce qu’elle te dit la pauvre conne ?! Vas te faire foutre. J’en ai plus que marre de me faire traité comme de la merde. Je mérite plus que ça. C’est toi la merde ici. Tu devrais crever. Crève ! CRÈVE ! Espèce de vieux con, t’as vu ce que t’as fait à mon beau visage ?! Et bien je vais te le rendre au centuple ! » Sans m’en rendre compte, je continuais de le frapper, mais cette fois-ci, avec une bouteille vide. Et je continuais, encore et encore. Bientôt, son visage n’était plus qu’une face recouverte de sang. J’étais totalement hystérique, j’avais l’impression d’avoir perdu la raison… Et enfin, à bout de force, je m’arrêtais. Soudain, une lueur de lucidité m’envahi. Que venais-je de faire… Un cri d’horreur s’échappa alors de mes lèvres tandis que je jetais la bouteille de l’autre côté de la pièce. Je me dégageais de son corps s’en vie. Mes mains étaient tâchées, tout comme mes vêtements. Rapidement, je les enlevais, essuyant mes mains avec, tout comme la bouteille. À 16 ans, je tuais mon père adoptif… et enlevait toute trace de mon existence en changeant de nom. Adieu Elysia Williams, bonjour Sloaàn Rozenwal.


« Bonsoir, merci beaucoup d'avoir fait appel à moi. Je suis Zeppelin et ce soir, c'est moi qui vous tiendrai compagnie. » Ainsi était devenue ma vie après mon départ. J'ai quitté Boston pour venir à Vermont. Je savais que personne ne me connaîtra ici, que personne ne viendra me chercher. De toute façon, qui pourrait bien me chercher ? Après tout, très peu de gens ne sont au courant de mon existence. Et puis, si ça se trouve, personne n’aurait découvert le corps de mon père adoptif avant qu’il n’ait pourri… Ouais sûrement, personne ne l’aimait de toute façon. Ainsi donc, à l’âge de 16 ans, je me suis trouvée un boulot d’escort girl. Bien sûr, je me faisais passée pour plus vieille sinon, on ne m’aurait pas accepté. En journée, j’allais en cours, comme une élève modèle. J’étais devenue une assez bonne voleuse avec le temps et l’entraînement. J’avais besoin de fric pour survivre et mon passe-temps préféré, c’était quand même de fouiller dans les affaires de mes riches clients. Je les accompagnais dans des soirées de tout genre, je les divertissais et parfois, je couchais même avec ceux qui le méritaient. Bien entendu, ils devaient payer doublement le prix. Et en plus de ça, je me servais quand ils avaient le dos tourné, ou le regard ailleurs, ce qui était vraiment facile. Et il faut l'avouer, je gagne pas mal en une soirée, plus que je ne gagnais parfois en un mois quand je travaillais dans des supermarchés et autres. Enfin, tout dépend du client aussi. Je n'avais pas honte de moi. Pourquoi je le serais? Après tout, ce n'est qu'un travail comme les autres. Sauf que toute bonne chose à une fin. Je me suis faite virée. Et tout ça, à cause du pauvre con qui me servait de client. Ou plutôt, de sa conne de femme qui nous avait découvert malencontreusement.


Deux ans que je suis à Brysonplace. J’aime cette ville, je m’y sens bien, avec des gens qui me comprennent. Ici règne la débauche, la décadence, une vie totalement pourrie pour des marginaux tels que moi. Je travaillais toujours en temps qu’escort dans l’agence de la ville. Et je volais toujours autant, amassant une jolie petite somme dans mon compte en banque. Qui a dit que la vie était moche quand on n’avait rien ?