« Je suis saine de corps, et absolument obscène dans mes pensées, mes paroles et mes actes. » Lolita

" Maitresse ! Maitresse ! Y'a Ambre qui fume dans les toilettes ! ". A dix ans, il fallait déjà qu'elle se bousille la santé à coups de vengeance, Le regard noir, glaciale, vide, exprimant tout un univers hanté de monstres et de fantômes. La maitresse arriva dans les toilettes, pris Ambre par le col de sa chemise, lui retira sa cigarette et d'un pas décidé, saccadé et énervé, elle la jeta dans le bureau du principal, accompagnée d'une phrase franche : " Y'a rien à faire avec cette gamine ! Je n'en veux plus !". Cette institutrice passait des heures à conter l'attitude passive et dangereuse de Ambre, passant de son air absent jusqu'à sa faculté d'enfoncer sa classe avec elle. Vous me direz, fumer, ce n'est pas grand-chose. Certes, mais Ambre, c'était l'innocence brute, elle semblait si fragile devant son pupitre, arrivant à peine à sortir un mot aigu de sa bouche de gosse, et pourtant, à la récréation, elle racontait avec sérieux et maturité des histoires d'horreurs, se battait avec les autres, tentait de voler à partir du deuxième étage, de parler aux arbres, de partir dans la mer en enfonçant sa tête dans le trou des toilettes et la liste est longue ... Le plus malheureux c'est que les médecins avaient confirmé qu'Ambre était saine d'esprit, simplement rongé par la vengeance, la haine et un univers terrifiant dont elle n'arrive pas à se sortir. Simplement que sa folie était le fruit d'un esprit malsain. Se retrouvant dans le bureau du directeur, Ambre prit place sur une chaise, prit son air le plus attendrissant, se pinçant les lèvres d'un air désolé et regarda droit dans les yeux l'homme qu'elle avait en face d'elle, comme pour l'hypnotiser. "Alors mademoiselle Delacroix. Que vais-je faire de vous ?", il consulta le dossier de Ambre, " Vous êtes une élève brillante, la meilleure de votre classe malgré un manque de participation... A dix ans, vous parlez déjà anglais et français à la perfection !" puis il baissa les yeux " Vous êtes une élève modèle, dont on rêve, et vous relevez nos statistiques... Mais je n'ai plus aucun instituteur qui veut de vous. ". Soudainement, il se leva et frappa un grand coup sur la table, énervé, faisant sursauté la gamine en face de lui. Plus il parlait et plus le ton montait. Posant ses deux mains sur son bureau et se penchant légèrement, avec mépris, il regarda la jeune fille et avec une dureté effroyable il prononça lentement et avec pédagogie ses mots: " Mademoiselle Delacroix ! Connaissez vous le mots machiavélique ? ", la petite fille ne répondit pas, " Alors ? " dit-il encore plus fort, la petite fille ne répondit toujours pas, c'est alors qu'il cria " Connaissez vous la définition du mot machiavélique ?! " mais la petite fille, comme si rien ne pouvait la choquer, resta de marbre en le regardant alors que n'importe quel autre enfant se serait effondré en pleurant. " Et bien je vais vous le dire ! Le machiavélisme, c'est vous : une personne intelligente, presque un génie, mais qui se sert de ses dons pour faire le mal ! C'est une personne diabolique ! ... vous êtes le diable mademoiselle Delacroix ! " Dur pour une enfant, je vous l'accorde, mais Ambre n'est pas une enfant comme les autres. Dès le soir, Ambre quitta l'école et intégré une autre école, ses parents continuant à croire en elle mais envahi d'un désespoir qui les dépasse. En tout, Ambre aura été scolarisé dans plus de dix écoles.

« Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-li-ta : le bout de la langue fait trois petits bonds le long du palais pour venir, à trois, cogner contre les dents. Lo. Li. Ta. »

Allongée sur son lit, les mains entrecroisaient sous sa tête et portant la tête de Delha, une "amie", sur le ventre, Ambre s'était perdue dans un océan de pensée macabre alors que Delha restait là, à attendre que Ambre trouve une idée d'activité. Soudainement, après un long silence, elle se releva brusquement. Delha comprit rapidement qu'elle avait une idée derrière la tête. Elle devinait à son regard que son idée n'était pas forcement la meilleure mais elle s'installa quand même en tailleur, tout en frottant sa tête comme pour essuyer la douleur qu'elle lui avait procuré en se relevant. Ambre l'a regardé dans les yeux, la dévisageant, comme pour l’hypnotiser. Delha était une fille plutôt sage, enfin avant, et Ambre prenait un plaisir égoïste à la pervertir. Elle appréciait sa compagnie et pourtant elle s'en servait comme pour son propre divertissement. Alors, Ambre lui dit rapidement et strictement « Action ou vérité ? ». Delha sembla rassurée, comme si elle s'attendait à pire. Ambre l'a connaissé très joueuse et elle savait qu'elle allait répondre action, d'ailleurs c'est ce qu'elle répondit avec assurance : « Action ! » pour qu'aussi vite, Ambre lui réponde :« Embrasse-moi ! ». Le visage de notre sainte-ni-touche fut pris soudainement de panique à ses quelques mots, elle semblait devenir complètement mal à l'aise et gênée, comme prise au piège dans un plan sournois où elle ne pouvait plus se débattre. Son visage fit un mouvement de recul, comme pour exprimer une négation. Ambre lisait en elle comme dans un livre ouvert qu'elle n'avait jamais embrassé de femme et que cette idée lui faisait peur. Cependant, avec insistance, tel lucifer, elle afficha un sourire sadique et elle lui dit avec détermination :« Allez Delha ! C'est pour s'amuser, tu le sais bien ! Et puis tu ne vas pas prendre le risque de perdre... ». Ambre l'a regardé se torturer, se flageller mentalement, perdue entre deux idées et elle ne mentira pas en disant que ça lui procurait du plaisir. Delha ne pouvait se résoudre à perdre un jeu et téméraire, et surprenante, elle se jeta contre Ambre en la renversant sur le lit. Cette dernière observait le regard dominateur de Delha plongé dans le sien, elle était toujours agréablement surprise de voir en cette fille parfaite une pointe de sang maléfique. Très vite, elle l'embrassa, assez agressivement mais alors qu'Ambre pensait qu'à peine ses lèvres collées contre les siennes, elle allait s'arrêter elle eut la stupéfaction d'observer qu'elle prolongea ce baiser. Légèrement bisexuelle et excitée de voir cette fille se dévergonder, elle ne fit rien pour arrêter cet intense baiser. Si ça ne tenait qu'à elle, elle aurait fait en sorte que le jeu aille beaucoup plus loin mais elle la sentait pas prête et elle préférait consumer cette pauvre fille lentement, tout en la faisant souffrir sur la longueur. Puis, suite à cet échange, elle se dégagea des bras d'Ambre et la regarda avec cet air hautain et fière comme pour dire " tu vois, cette fois tu ne m'auras pas " et elle s'éclipsa... elle partit.

« On a affaire à une rêveuse totalement déconnectée de la réalité, en sautant elle a du penser qu’elle s’envolerait. »

Ce jour-là, Ambre était assise sur les marches d'une vieille battisse, jouant de la guitare pour les créatures obscures qui peuplaient cette rue. « Ambre, tu joues ou tu me suis ? » lui dit Marcel, un ami, tout en s'avançant vers elle. Surprise, elle tourna rapidement la tête en sa direction tout en ouvrant les yeux, stoppant momentanément de jouer. Elle ne s'attendait pas à sa visite ! Elle observait sur le visage de Marcel un sourire fière et narquois. Il semblait heureux de la surprendre, comme un enfant voulant faire peur à ses parents en s'écriant " bouhh ", caché derrière une porte. Cet homme, Marcel, était sans hésité la seul personne qui acceptait Ambre pour ce qu'elle est... Si bien que parfois, il faisait semblant de comprendre et de voir ces monstres dont parlait si souvent Ambre. Marcel était un homme élégant mais consumé par l'échec et la violence, c'était un homme impitoyable et méchant qui se montrait seulement sympathique avec Ambre, comme s'il souhaitait la protéger comme une petite sœur... Alors que cette dernière, pas sadique pour un sous, lui jouait ses plus mauvais tours. Il avait en lui une multitude de traits de caractères détestables qui construisaient son charme. « Pourquoi te suivrais-je ? J'accepte de faire la poule de luxe, si tu m'emmènes dans un endroit excitant. » dit-elle, les yeux levés vers le ciel d'un ton absent et plat. Prenant son temps pour lui répondre, il s'approcha d'elle et parla en articulant lentement, une lenteur soutenue par une voix suave et sournoise « Un endroit excitant ? Tu sais très bien Ambre, que pour ça, je n'ai qu'à ouvrir la braguette de mon pantalon... ça te dit ? » dit-il en dirigeant sa main vers sa ceinture, comme pour commencer à l'enlever.« Oh ouiii Rocco ! J'en ai toujours rêvé. » dit-elle en simulant des bruits d'orgasme d'un air ennuyée mais avec un petit sourire amusé sur le coin des lèvres. « Sérieux ?! J'vais enfin te baiser ! Chez toi ou chez moi ? » lui demanda-t-il. Alors, elle posa délicatement sa guitare sur le sol et quitta son emplacement pour s'approcher de lui. Elle était désormais presque collée contre lui et elle dirigeait sa main, sensuellement, vers la ceinture de Marcel, comme pour la défaire, comme pour lui dire "maintenant" mais soudainement, elle attrapa agressivement la boucle de sa ceinture avant de tirer un grand coup dessus vers le haut, écrasant douloureusement les parties génitales du jeune homme et d'ajouter en serrant les dents, sa bouche presque collée à la sienne : « Dans tes rêves ! » et satisfaite, elle le lâcha, faisant demi-tour pour rejoindre sa place et sa guitare. Il était impossible pour personne d'oublier, à ce moment, le sourire de vainqueur qu'elle affichait accompagné d'un regard qui semblait possédé. Marcel était resté figé à la regarder. Son cœur saigné, il avait l'habitude, c'était toujours dans les moments où Ambre lui semblait la plus accessible, qu'il pensait enfin l'avoir, que cette dernière lui échappait détruisant avec force le peu de fierté qui lui restait. Il n'était pas vexé et ne ripostait pas à la douleur qu'elle lui avait brièvement imposé, sans doute parce qu'il avait l'habitude, ou qu'il était masochiste. Cette journée se termina dans un bar, à siroter un whisky coca ensemble, comme si de rien n'était. Mais surtout, ne faîtes pas la bêtise de croire que Marcel est une victime, car il est beaucoup plus dangereux qu'il en a l'air. Ce dernier, agressif, s'est déjà bagarré avec Ambre, allant jusqu'à la blesser.